Du capitalisme…

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Cet article est un extrait de :
Cotta, A., 1977, Le capitalisme, PUF, pp. 5-6

Cette appropriation [des moyens de production] divise, en effet, l’ensemble des êtres composant une société donnée en deux catégories nettement distinctes : ceux qui possèdent ces moyens (une partie) et ceux qui ne les possèdent pas. Ce clivage essentiel pousse ses prolongements dans toutes les directions. Au premiers, les entrepreneurs capitalistes, la possibilité de choisir les productions et de combiner, pour y parvenir, biens et travail, machines et ouvriers ; celle aussi du profit, revenu qui s’identifie à la différence du coût de production et du prix de vente ; celle, enfin, d’utiliser une partie ou la totalité de ce profit pour s’engager dans de nouveaux modes de production. Mais, aussi, celle de perdre leur statut en cas de décisions malheureuses. Aux seconds, une certitude, mais celle du salariat, c’est-à-dire obligation pour vivre de céder leur force de travail à un prix dont la maîtrise leur échappe presque complètement, à l’exception de quelques semi-privilégiés qui auront droit aux rentes foncières, aux intérêts et aux honoraires (les professions libérales), du moins s’ils parviennent à éviter la condition de salarié qui les menace toujours.

C’est donc, paradoxalement, l’inégalité qui préside au fonctionnement de régime capitaliste. Inégalité installée u cœur du système social et, au sein de ce système, dans le domaine économique, celui des modes de production des biens matériels et des services. Au moins deux conséquences sont inévitables. La première est dans l’influence inévitablement croissante des organisations économiques et notamment des entreprises dans le fonctionnement de tout système social. La seconde est de voir le contenu de cette discrimination s’étendre fort au-delà du seul domaine économique en se manifestant dans tous les autres aspects de la vie sociale jusqu’à développer le sentiment chez le plus grand nombre que l’évolution de la société tout entière, faite pas tous, n’est conduite et déterminée que par quelques-uns. L’appartenance à l’un des deux statuts, propriétaire des moyens de production ou non, devient alors au moins aussi important à l’acteur de la vie sociale que son appartenance aux diverses organisations. Sa vie devient, aussi, déterminée par le groupe (ou la catégorie ou la classe) social qui le contient. Et la condition de salarié est telle qu’elle peut justifier le sentiment d’une moindre participation au devenir social. L’aliénation est, alors, le prolongement affectif et social de l’exploitation matérielle et économique.

Telle est bien la caractéristique essentielle du système capitaliste : affirmer son existence et sa particularité sur la possibilité, devenue rapidement une réalité, d’une inégalité sociale majeure. Paradoxe souverain de voir une société fonder sa cohérence sur une discrimination radicale. Paradoxe jugé mortel, depuis ses débuts, par ses contestataires renouvelés qui tiennent, sous des airs à peine différents, les mêmes discours, de plus en plus redondants. Paradoxe qui n’arrête pas de durer et fait mieux que survivre puisqu’il s’affirme.

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Je ne sais pas trop quoi penser de ce que je viens de lire, ou en tout cas pas encore le dire. Mais je ne pouvais pas ne pas l’écrire !

1 thought on “Du capitalisme…

  1.  » Paradoxe jugé mortel, depuis ses débuts, par ses contestataires renouvelés qui tiennent, sous des airs à peine différents, les mêmes discours, de plus en plus redondants. Paradoxe qui n’arrête pas de durer et fait mieux que survivre puisqu’il s’affirme.  »

    Certes il s’affirme, mais en creusant toujours plus les écarts sociaux, engendrant l’ultra consommation qui pille les ressources fossiles, remplissant le tiers monde des déchets des pays ‘développés’ , ou encore en utilisant la main d’œuvre des pays en voie de développement ?

    Pour le coup, oui, on dirais qu’il s’affirme …

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