« Où j’en suis avec ma pédagogie ? » aka mon portfolio pour le label RES

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Bon, cet article n’est pas forcément destiné à être « grand public » à la base puisqu’il va s’agir d’une synthèse pour mon « portfolio » afin de prétendre à l’obtention du label Recherche et Enseignement Supérieur de l’Univ Grenoble Alpes. Pour faire simple, dans le cadre de ma thèse je suis ce label puisqu’il correspond à la carrière que je souhaite continuer pour le moment. Si vous avez des questions, le mail marche bien.

D’aussi longtemps que je me souvienne y’a deux choses que j’ai toujours adorées, apprendre et partager. Je pense que, si aujourd’hui je suis doctorant et prof. dans le supérieur ça doit être, sans aucun doute, fortement lié. Mais si pour la partie apprendre la thèse le démontrera, pour la partie « partager » c’est plus compliqué. En effet, comme je l’ai déjà souligné voici près de 2 ans déjà, il existait (et existe encore, mais de moins en moins) une croyance que si on est bon dans un domaine on saura bien l’enseigner. Et vous avez bien lu, j’ai écrit croyance, car c’est évidemment faux, ou en tout cas ce n’est pas un lien de causalité. D’ailleurs, à titre d’illustration vous avez forcément connu quelqu’un de brillant, quelque soit le domaine à qui vous avez demandé quelques conseils, et qui vous a soit embrouillé, soit envoyer valser au prétexte que « c’est évident ! » …

J’ai commencé d’enseigner (mais je n’y reviendrai pas, c’est pas très significatif) quand j’étais au lycée je crois, à des élèves en difficulté de CM1/CM2 de mémoire, mais pas très sûr, des maths, c’était « facile » les maths à ce niveau, pour moi. C’est de la logique appliquée à de la résolution de problèmes. Mais enseigner avec un jeune pour qui ce n’est pas logique, ni intéressant, c’est une autre paire de manche. Je pense que j’ai « mis en pratique » une forme d’empathie dans l’enseignement à partir de ce moment… Empathie qu’on a tendance à oublier à mesure que la quantité de connaissance et d’expériences qu’on accumule. D’ailleurs aujourd’hui aussi, j’essaye de bien me rappeler que la perspective sociotechnique sur les systèmes d’informations, ben c’est juste pas « logique » ou « évident » pour une personne de 20 ans née avec un ordiphone (déjà que ça ne l’est pas pour des pro de l’IT…)… Bref. C’est là que tout à commencé je crois.

Me revoilà, environ 20 ans plus tard, à faire un petit « bilan » de ce que j’ai appris, pratiqué, et réalisé autour de la pédagogie. Commençons donc par ce que j’ai appris. Cela sera forcément assez court (rapport à l’article dont j’ai déjà parlé), mais listons donc où et ce que j’ai appris.

Ce que j’ai appris

un peu dans les livres d’abord, il y a quelques années quand j’ai préparé le concours pour être professeur des écoles, et j’ai d’ailleurs eu la chance d’être contractuel remplaçant pendant quelque mois sur la partie « isère sud ». Et en étend remplaçant il faut savoir être mobile, rapide et s’adapté aux apprenants, en effets, j’ai pu faire à titre d’illustration, un jour de l’histoire-géo avec des CE2, le lendemain de la lecture avec des maternelles ! En parlant d’adaptabilité, croyez-le où non mais il est impossible d’enseigner en ZEP (j’étais au village 2 à Echirolles) comme dans un lieu privilégié (j’étais à Brié et Angonne). Bref, c’est là où j’ai compris plusieurs choses (je ne ferai pas de politique) :

  • La fin (en termes d’acquisition de connaissances, compétences) n’est pas atteignable avec les mêmes moyens, notamment le temps, en fonction des classes sociales des apprenants.
  • Il faut connaître le double de ce que l’on enseigne si l’on veut être prêt à « improviser » (dans le bon sens du terme).
  • Le bon sens ne sert qu’à peu de chose dans l’enseignement. Notre propre expérience n’est d’un apport que limité mais sans doute quelque chose auquel on revient, il faut donc s’appuyer largement sur la littérature scientifique, et les connaissances terrains des collègues.
  • Les formations proposées par l’employeur, pour moi Grenoble Ecole de Management sont souvent accessibles et utiles, pour moi notamment sur le bon usage des outils de présentation, le dessin rapide pour illustrer des propos, la production de serious game (avec John Kenwright)
  • On peut lire autre chose que des papiers de recherches, même des livres ! Je suis en train de lire neuroscience et cognition, et j’ai lu tous pédagogues (fiche de lecture ici).
  • Mais faut pas négliger quelques articles de recherches, évidemment, par exemple les production de Dunlosky :
    • Dunlosky, J., Rawson, K. A., Marsh, E. J., Nathan, M. J., & Willingham, D. T. (2013). Improving Students’ Learning With Effective Learning Techniques: Promising Directions From Cognitive and Educational Psychology. Psychological Science in the Public Interest, 14(1), 4–58. https://doi.org/10.1177/1529100612453266
    • Morehead, K., Dunlosky, J. & Rawson, K.A. (2019) How Much Mightier Is the Pen than the Keyboard for Note-Taking? A Replication and Extension of Mueller and Oppenheimer (2014). Educ Psychol Rev 31, 753–780. https://doi.org/10.1007/s10648-019-09468-2
  • Le partage de pratiques entre pairs n’a pas de prix, avec nos collègues, très direct, voir sur une échelle plus globale, c’est leur regard qui nous renvoie une possibilité de prendre du recul :
  • Malgré tout cela, l’expérience terrain, notre propre vécut, peut parfois amener du contenu utile à notre pédagogie, des exemples, des réflexions, des liens sociaux utiles, comme tout le monde quoi…

Ensuite, ce que j’ai pratiqué…

Ben pour le coup, je ne vais pas (re)faire un détail ici car il est dans la partie « enseignement » de ce site, et avec le mot clé « pédago » vous trouvez quelques articles que j’ai pu publier. Je peux résumé que j’ai une note de 3,9 comme intervenant sur plus de 1700 évaluation.

J’ai dirigé une équipe allant jusqu’à près d’une dizaine d’enseignants sur deux cours pendant plusieurs années (entre 500 et 800 étudiants par an), que j’ai sois totalement reconstruit à partir d’un livre de référence pour le premier, soit à partir de rien de préexistant pour le second (et d’autres moins significatives). On peut les résumer en « introduction au management des systèmes d’informations » et un autre « littératie numérique ». J’ai aussi accompagné nombres de thèses allant jusqu’au niveau master (cf. partie enseignement liée précédemment)

Du coup j’ai développé pas mal de compétences sur la gestion des équipes d’enseignants, la proposition de syllabi, sélection des livres et textes de références, scénarisation des courts, évaluation avec des grilles critériées, constructions des supports, etc.

Ce que j’ai réalisé

Au-delà de ce qu’il est nécessaire de faire pour pratiquer, je pense à quelques trucs qui me semblent intéressants à partager pour, il faut le dire, mettre en valeur ce que j’ai pu faire et pourquoi je pense avoir quelques compétences pédagogiques (hey, si je me lance pas des fleurs, qui le fera ? Une bonne partie de cela est aussi dans la partie « enseignement » de ce site).

  • J’ai développé et intégré le système de corrections automatiques des quiz de Grenoble Ecole de Management
  • J’ai animé quelques ateliers pour des collègues (création de vidéos courtes (exemple mais qui a 6 ans), utilisation de Power Point, etc).
  • J’ai obtenu (et je suis le seul au 11/01/2022) le Certificat « teacher for active learning » de Grenoble Ecole de Management.
  • J’ai publié en conférence une recherche sur les dispositifs d’apprentissages hybrides (notamment en lien avec le cours qui est devenu celui de littératie numérique évoqué plus haut :
    • Dal Zotto P., Villiot-Leclercq E., Blanco S., 2016. Dispositif d’apprentissage hybride : quels impacts sur l’engagement des apprenants ? 29ème Congrès de l’Association Internationale de Pédagogie Universitaire (AIPU), AIPU – Association Internationale de Pédagogie Universitaire, Lausanne, Switzerland, communication NEF125.
  • J’ai créé, développé et testé Game of Streams et la publication associée (et j’en préparerai une autre l’année prochaine).
  • Je travaille avec Sylvain Colombero sur la gamification de la salle de classe avec Moodle (et sans aussi), une publication dans la section ressource review de l’Academy of Management Learning and Education en cours de révision (cf. la vidéo courte qui a 5 ans).
  • Participation active à la création ou à l’utilisation de serious game à Grenoble Ecole de Management (techIT, Cubification, Nanorider), j’étais d’ailleurs membre du comité scientifique de cette journée de recherche en 2015/ 2016.
  • J’ai développé les supports francophones pour l’enseignement en SI du livre « information systems for managers » de Gabriele Piccoli et Federico Pigni.

Lister là toutes les compétences acquises n’est pas choses aisées, mais en reprenant le référentiel de compétences proposé par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, je dirai que j’ai développé, en lien avec mes pratiques pédagogiques, une bonne partie des compétences liées aux blocs :

  • CONCEVOIR DES ENSEIGNEMENTS QUI FAVORISENT L’APPRENTISSAGE DE CHACUN
  • ÉLABORATION ET MISE EN ŒUVRE D’ENSEIGNEMENTS
  • ENCADRER LES ACTIVITÉS D’APPRENTISSAGE
  • DIFFUSION ET TRANSFERT DE CONNAISSANCES,
  • ÉVALUER LES ACQUIS D’APPRENTISSAGE ADOPTER UNE POSTURE RÉFLEXIVE

Et seulement partiellement ceux des blocs :

  • GESTION, CONDUITE ET COORDINATION DE PROJETS, ANIMATION D’ÉQUIPES
  • PARTICIPATION À LA VIE DE LA COMMUNAUTÉ SCIENTIFIQUE AU NIVEAU LOCAL, RÉGIONAL, NATIONAL ET INTERNATIONAL

En conclusion, je reprends ce que j’avais écris pour obtenir mon certificat « teacher for active learning » récemment, car rien n’a fondamentalement changer et mon envie d’enseigner, le plaisir que j’y prends, celui de me confronter à différents publics et avis est toujours bien présent.

Enseigner l’écriture à une classe de CP est bien différent de la géographie au CM1, et l’est au moins autant de l’enseignement des systèmes d’information dans le supérieur. En revanche j’ai noté des éléments qui me poussent à essayer d’aller plus loin, à donner le goût d’apprendre. Notre système actuel ne favorise pas assez l’apprentissage en bas âge et aux enfants, pallier ce mal est fondamental. Aujourd’hui cela nous met face à des jeunes qui manquent parfois de connaissances de bases, d’écriture, d’orthographe, de calcul, etc. et fini par nous, enseignant du supérieur, mettre dans l’embarras. Il faut ainsi trouver les bons leviers pour ne laisser personne en retrait. C’est d’ailleurs une de mes obsessions, être le prof que j’aurai rêvé d’avoir. J’essaye, avant de rentrer en classe, régulièrement à faire preuve d’empathie, sans doute parfois de sympathie, pour réussir à être une figure de référence, un exemple, une inspiration, à défaut juste un « prof relou » mais toujours bienveillant vis-à-vis de mes élèves.

Cela ne m’empêche pas d’être exigeant, bien au contraire. Chercheur aussi, certes moins qu’enseignant mais je crois en la recherche malgré tout, j’essaye de toujours pousser les apprenants vers ce qui me semble important. Je les invite à aller au fond des choses, quitte à ne pas couvrir un large spectre de connaissances, à chercher si les éléments sont scientifiquement valables ou pas. Je pense que c’est aussi là quelque chose d’important, tout en ne perdant pas de vue l’aspect éthique.

Ainsi, et pour finir, je pense que cet aspect éthique, peut-être parfois oublié, doit être au cœur des réflexions et apprentissages des enseignants – du supérieur ou non. Le monde va vers une crise majeure, climatique et aussi systémique. Je pense que prendre en considération de manière assez holistique les impacts des décisions que l’on prend nous fait certes perdre quelques minutes, mais est, aujourd’hui plus que jamais, essentiel.

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